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En quoi l’hydrogène français peut être un atout pour la transition énergétique européenne ?


En France on produit de l’hydrogène depuis plus de 70 ans dans les domaines de la chimie, de la raffinerie, de l’électronique ou encore de la verrerie. Cependant l’enjeu aujourd’hui à l’échelle nationale comme mondiale, est de produire un hydrogène sans émission de CO². Cet hydrogène „vert“ produit par électrolyse, procédé utilisant du courant électrique pour extraire l’hydrogène de la molécule d’eau, serait ainsi l’énergie durable de demain. Mais de quoi parle-t-on concrètement ? Quelles sont les limites de cette décarbonation et les atouts pour la France dans ce domaine ?



Un investissement massif

Diviser par deux les émissions de l’industrie dans les dix prochaines années et atteindre l’objectif 0 émission nette en 2050 : c’est l’objectif ambitieux pour le secteur industriel annoncé par le président de la République en novembre 2022. Depuis 2017 la France développe cette technologie et c’est en 2018 qu’elle développe son premier plan hydrogène suivi d’une stratégie nationale pour un hydrogène décarboné en 2020. Elle est aujourd’hui sur le devant de la scène en termes de R&D et de brevets. C’est surtout à travers le plan d‘investissement France 2030 qu’elle réaffirme ses positions en annonçant un budget de 9 Milliards d’euros prévu visant à développer l’offre industrielle pour l’hydrogène décarboné. Ce plan permettrait ainsi la construction et la fabrication:


  • De quatre gigafactories d’électrolyseurs
  • De sites de productions de réservoirs à hydrogène
  • De piles à combustibles pour la mobilité
  • De trains et véhicules utilitaires à hydrogène
  • Et de matériaux nécessaires à la production de ces équipements.

Un challenge pour la France qui possède une avance technique par les industriels sur cette technologie dont il faut maintenant accélérer la montée en puissance pour rester compétitif.



Une accélération, mais à quel prix ?

Si aujourd’hui différents projets d’hydrogène „verts“ voient le jour en France, c’est avant tout grâce à son parc nucléaire, que la France possède un réel atout pour devenir un des leaders de l’hydrogène décarboné. Cependant, malgré la démarche de la France à vouloir classifier l’hydrogène issu du nucléaire appelé aussi „hydrogène rose“, comme „hydrogène vert“, d’autres membres européens considèreront de manière plus restrictive, que celui-ci ne devrait être issu que de sources renouvelables tels que l’éolien, le solaire ou l’hydraulique. Cet enjeu à considérer le nucléaire comme une source viable et bas carbone pourrait permettre à la France de produire de façon décarbonée, économique et surtout d’atteindre ses objectifs fixés, en matière de développement d’énergies durables.





Un parcours non sans embûche car ici se pose aussi la question du prix de l’hydrogène vert qui avoisine les 4 à 6€/kg, contrairement à un hydrogène gris qui lui est entre 1,5 à 2,5€/kg à l’achat pour des industriels consommant de gros volumes. Quant à son accessibilité, l’hydrogène vert ne représente encore que 5% de la production nationale avec seulement une soixantaine de stations-services à hydrogène en comparaison aux 11.000 stations d’essence. C’est pour ces raisons qu’il est nécessaire d’investir sur cette filière naissante et permettre à terme un hydrogène durable, économique et accessible.



Un potentiel à l’échelle européenne

Pour cela, la France s’appuie fortement de ses projets pilotes et positionne l’offre française sur différents marchés.


  • C’est le cas notamment de Lhyfe, première usine française à produire de l’hydrogène vert à partir d’eau de mer et d’électricité fournit par des éoliennes. Lhyfe fournit ainsi de grands clients européens comme la DB (Deutsche Bahn) et a pour but de développer une soixantaine d’usines en Europe du Danemark au
  • Hype, la plus grande flotte de véhicules à hydrogène au monde. Répondant à la problématique d’accessibilité, Hype a choisi de développer son propre réseau de production et de distribution d’hydrogène vert. Hype est aujourd’hui présent en région parisienne mais aussi dans d’autres métropoles européennes comme Barcelone, Madrid, Bruxelles, Lisbonne et Porto
  • Enfin d’autre projets comme Jupiter 1000 par GRTgaz qui produit du e-méthane obtenu à partir d’hydrogène renouvelable ou encore l’hydrogène sous forme de disque produit par Jomi-Leman visant à comprimer et stocker l’hydrogène sous forme solide.

C’est à travers le déploiement de ses projets, à partir du réseau électrique français, mais aussi le soutien de la valorisation de la biomasse et des déchets que le France pourra tenir son pari d’une France décarbonée et durable. Elle deviendrait ainsi un pilier européen essentielle à une Europe zéro émission. Un pari osé mais un enjeu intéressant à suivre pour les industries d’aujourd’hui et de demain.



Le texte a été écrit par Maria-Belen Kerbsties